1839: l’invention de Daguerre révélée au monde
Louis-Jacques-Mandé Daguerre, né en 1787 à Cormeilles-en-Parisis, arrive à Paris en 1804 et se forme comme décorateur de théâtre. Avec le peintre Bouton, il crée en 1822 le Diorama dans un bâtiment où de grandes toiles peintes sur leurs deux faces de sujets divers changent lorsqu’on les regarde en éclairage direct ou par transparence.
Pour ses travaux, Daguerre utilise beaucoup la camera obscura et se rend fréquemment chez les opticiens Chevalier qui lui font connaître l’existence de Niépce avec qui il va s’associer à la fin de 1829. Le décorateur est particulièrement sensible aux problèmes d’optique auxquels il va rendre Nicéphore attentif.
Parallèlement à leurs recherches communes – ils mirent au point un procédé positif direct, le « physautotype » ne nécessitant que quelques heures de pose – Daguerre découvre que l’iodure d’argent se modifie rapidement à la lumière. Il place une plaque plaquée d’argent dans une boîte contenant des cristaux d’iode dont les vapeurs forment à sa surface l’iodure d’argent. Après son exposition dans l’appareil de prise de vue, l’image est encore invisible sur la plaque.
Dès 1835, Daguerre découvre par hasard les effets des vapeurs de mercure sur la plaque dont l’image positive apparaît mais n’est pas stabilisée. Ce n’est qu’à partir de 1837 qu’il trouve moyen de fixer ses images au sel marin, l’invention du daguerréotype devient alors effective :
« J’ai baptisé mon procédé ainsi : Daguerréotipe ».
Lettre à Isidore Niépce, 28 avril 1838, post-scriptum
Daguerre va tenter de promouvoir son invention par le biais de l’Institut. Au début de 1839, le physicien et astronome fort connu François Arago présente son invention à l’Académie des sciences. En mars, le Diorama est incendié, Daguerre obtient une rente viagère de l’Etat qui lui achète ses procédés (6000 frs. annuels pour lui, 4000 frs. pour Isidore Niépce). Son procédé est divulgué le 19 août 1839 par Arago devant l’Académie des beaux-arts et celle des sciences réunies, en présence de nombreux journalistes, et offert à l’humanité par la France….
Daguerre commercialise une chambre photographique chez le papetier Alphonse Giroux, parent de son épouse et spécialisé dans les articles de luxe, puis mène une vie retirée tout à fait à l’écart de son invention jusqu’à son décès en 1851.

Cette chambre, utilisée pour la daguerréotypie, est équipée d’un objectif Lerebours et Secretan.
Marc-Louis-François Secretan est né en 1804 à Lausanne. Passionné de sciences exactes, il se spécialise en optique. Ses activités l’amènent à faire connaissance de l’opticien parisien Noël Lerebours et les deux hommes vont rapidement collaborer: ils écrivent ensemble le premier traité de photographie qui paraît en 1842, et, dès 1844, Secretan devient l’associé de Lerebours et s’établit à Paris.

Accompagné d’un diaphragme en carton et d’une notice manuscrite retrouvée pliée sous le bouchon, de la main de l’un des fils Taeschler : « Das erste Objektiv, mit welschem der Vater J. B. Taeschler das Daguerreotypiren probierte (1841).(…) » Le premier objectif avec lequel mon père s’est essayé à la daguerréotypie en 1841.
Cette notice confirme que Johann Baptist Taeschler, horloger de son état et peintre à ses heures, s’est intéressé à la photographie dès ses débuts; il s’initia à la daguerréotypie puis travailla comme photographe ambulant de 1847 à 1850 pour s’installer finalement à Saint-Fiden. Son atelier, l’un des premiers en Suisse, s’est développé rapidement et Johann Baptist se fit seconder par ses quatre fils.
Collection Taeschler

Jean-Gabriel Eynard, financier Suisse originaire du Dauphiné, s’adonna très tôt la daguerréotypie par passion. Entre 1842 et sa mort, en 1863, il réalisa des images de sa famille, de sa maison et de paysages.

Le musée possède trois rares pleines plaques parisiennes datant des balbutiements de la photographie, outre une image de Notre Dame de Paris, avant les restaurations de Viollet-le-Duc, deux autres daguerréotypes montrent l’Arc de Triomphe et la statue d’Henri IV sur le Pont Neuf.