LE PAPIER PHOTOGRAPHIQUE
Dès les années 1850, le papier s’est rapidement imposé comme le matériau privilégié des tirages photographiques. Moins cher que les plaques de métal, il a surtout l’avantage de permettre un nombre illimité de reproductions d’un même négatif. Avec le tirage papier, la photographie devient un moyen de communication et de diffusion à large échelle, trouvant sa place dans les albums de famille et dans la presse.
Au XIXe siècle, le papier est fait de coton et de lin. Les usines qui le fabriquent se trouvent généralement en Europe, mais les matières premières viennent essentiellement des États-Unis, où le coton est produit grâce au travail des esclaves, puis, après la guerre de Sécession, des fermiers. La culture du coton a précipité l’asséchement des zones humides – dont l’écosystème joue un rôle crucial dans le stockage du carbone –, impactant le changement climatique. À l’époque, le coton est filé pour fabriquer des vêtements qui, une fois usés, sont revendus aux papeteries européennes, qui les transforment en papier. Au tournant du XIXe siècle, l’exploitation du coton est remplacée par celle du bois, dont les fibres de cellulose permettent de produire la pâte à papier, entraînant également une pollution importante.
Le traitement des tirages papier nécessite aussi une grande quantité d’eau, de l’argent, ainsi que de la gélatine animale – utile à la couche photosensible – provenant des abattoirs. En 1999, Kodak utilisait plus de trente millions de kilos de squelettes de vaches. Encore aujourd’hui et même après la disparition de certains d’entre eux, on trouve autour des nombreux laboratoires construits partout dans le monde la trace de la pollution due à la production et au développement des papiers photographiques.